Note sur la compréhension en lecture
Les recherches sur la compréhension en lecture sont suffisamment abondantes et explicites pour ne pas se laisser interpeller par les résultats désastreux aux évaluations internationales afin de décider de modifier ses pratiques dans ce domaine mais de faire un choix positif : celui de s’appuyer sur les données disponibles pour développer des activités porteuses et de qualité, de faire le pari de l’éducabilité de chacun. Les contenus apportés par la littérature scientifique permettent de transférer concrètement ces théories et de les rendre opérationnelles sur le terrain. Elles suggèrent d’oublier de pratiquer abusément la lecture contrôle pour construire des pratiques réflexives, métacognitives et émancipatrices. Celles-ci doivent être accessibles à tous les élèves dans une visée démocratique et porteuse d’équité.
Cependant, il s’agit bien de conserver l’apprentissage dans sa complexité. Comme le dit Evelyne charmeux (2013) : « C’est en lui donnant du temps pour explorer la complexité d’une situation qu’on aide un enfant à la surmonter, et jamais en faussant cette situation sous prétexte de la simplifier. »
« Ce qui prédispose de pouvoir comprendre des informations, ce n’est pas que l’intelligence supposée. En revanche, ce sont les apprentissages qui développent l’intelligence. Plus l’enfant traite d’informations, de natures différentes, plus il rend son intelligence flexible et plus il peut intégrer de nouvelles informations. Moins l’enfant traite d’informations, plus il rigidifie son système cognitif, plus il amoindrit sa capacité à apprendre. C’est donc une erreur pédagogique de donner moins d’informations à traiter à des enfants en difficulté. Au contraire, il semble important d’enrichir leur niveau de connaissances et de les varier. »
Le kamishibaï en classe : Applications pédagogiques
D’après : editions@callicephale.fr – www.callicephale.fr
1 . Définitions
Kamishibaï est un mot japonais qui veut dire littéralement théâtre de papier : kami (papier) et shibaï (théâtre). Dans un petit théâtre en bois, le butaï, on fait glisser des images en lisant une histoire. Le kamishibaï moderne naît véritablement à la fin des années 1920. Des conteurs parcouraient les villages, un butaï fixé sur leur vélo et les jours de marché lisaient des kamishibaï aux enfants, puis ils leur vendaient des bonbons. Très vite le kamishibaï entra dans toutes les écoles du Japon. Ce n’est qu’à partir de l’an 2000 que la technique se développa réellement en France.
2. Technique du kamishibaï
L’utilisation du kamishibaï est très simple mais il faut bien comprendre quelques grands principes car le kamishibaï n’est pas un album !
Trois éléments fondamentaux les distinguent :
- Le sens de lecture inverse du nôtre. Pour les spectateurs, l’image du kamishibaï se lit de droite à gauche contrairement à notre habitude (nous lisons de gauche à droite en occident).
- Le glissement des images l’une par rapport à la suivante : avec le kamishibaï le glissement et le chevauchement des images offrent la possibilité de créer la surprise, de faire bouger les personnages (des didascalies à l’arrière des planches guident le lecteur).
- La mise en scène, la lecture du kamishibaï est un vrai petit spectacle que nous détaillerons plus loin dans ce dossier.
Bien comprendre la dynamique propre au kamishibaï conditionne la réussite de la lecture. Deux méthodes sont possibles :
- à la manière du comédien qui va le lire et lui donner vie sans s’en éloigner.
- à la manière du conteur qui s’éloigne souvent du texte et prend des libertés avec la narration afin d’amener ses spectateurs à plonger dans son univers.
3. Le kamishibaï
Le terme kamishibaï désigne la série de planches. Chaque planche représente au recto une illustration destinée à être vue par le public. Au verso est écrit le texte correspondant à l’illustration que voient les spectateurs, les didascalies et à droite, la reproduction en miniature de l’image correspondante. Le nombre de planches est en général de 10 à 20 illustrations.
Il est important de noter que le format traditionnel japonais est de 380 x 275 mm. La plupart des kamishibaï débutent par une planche titre (numérotée 0 chez Callicéphale), celle-ci peut être éventuellement retirée, selon la manière de débuter l’histoire.
4. Le butaï
Le butaï présente un grand intérêt pour conter un kamishibaï, il permet la mise en scène de l’histoire, capte l’attention des spectateurs et cache le lecteur s’il le souhaite.
On peut aussi jouer avec les portes, les claquer pour faire du bruit, les ouvrir et les fermer de manière séquentielle en cachant une ou plusieurs parties de l’image pour ainsi rendre le spectacle encore plus vivant.
Le butaï traditionnel est à trois volets, il doit être conçu de façon à faciliter la manipulation des planches. On peut proposer aux lecteurs qui ne sont pas à l’aise, par exemple, de ne pas remettre les planches à l’arrière dans le butaï mais, de les poser à plat derrière ce dernier. Il est aussi possible d’être à deux, un qui déplace les planches, le second qui les lit.
La posture du lecteur est une donnée que l’on doit définir a priori. À l’origine les lecteurs de kamishibaï (les gaïto) se tenaient debout à côté du butaï. De nos jours, le lecteur en milieu scolaire est généralement assis derrière le butaï, mais cela n’est pas obligatoire. En maternelle on est souvent à genoux, et on peut également bouger, montrer un détail d’une planche, etc.
Certains kamishibaï peuvent se raconter sans butaï, mais alors on perd une partie de la magie de l’outil.
5. Mise en place du spectacle :
Il faut veiller à ce que le butaï soit placé sur une surface suffisante pour sa stabilité. Il ne doit être ni trop haut ni trop bas afin que les spectateurs n’aient pas d’effort à faire pour voir le spectacle. Ajuster et disposer l’éclairage demande un soin particulier : le butaï ne doit pas être placé à contre-jour et l’idéal est de fournir un éclairage d’appoint, ciblé sur le théâtre. S’il n’est pas possible d’obtenir un éclairage électrique, bien veiller à un éclairage naturel assez clair. Il faut également penser à s’assurer que le lecteur ait assez de lumière pour lire le texte.
Lors d’une séance de kamishibaï, créer une ambiance propice à l’écoute est primordiale. Le décor ne doit pas distraire le public, les yeux doivent prioritairement être attirés par l’illustration.
Une bonne visibilité est nécessaire pour que le public puisse voir les planches. Si le spectacle se fait dans l’obscurité, fournir un éclairage d’appoint au conteur afin qu’il puisse lire le texte. Il est à noter, lorsque les planches du kamishibaï sont plastifiées, que les reflets gênent tous les spectateurs qui ne sont pas placés juste devant le butaï.
Le kamishibaï s’adresse à un public restreint au sein duquel les spectateurs, du plus éloigné au plus proche du butaï, doivent pouvoir lire les illustrations. Il est utile, avant le spectacle, de s’asseoir à la place des futurs spectateurs pour le tester.
Le kamishibaï est un support d’histoire complémentaire du livre et des autres moyens pédagogiques utilisés dans l’enseignement. Ses qualités fédératrices en font un outil idéal pour des travaux en groupe, l’apprentissage de la cohésion et de la création de façon harmonieuse.